Les NFT pour “Non fungible token” sont passés de sujet de niche à celui dont tout le monde parle en très peu de temps dans l’industrie musicale. Enfin une technologie qui permet de rémunérer les artistes à leur juste valeur, quelle bonne nouvelle ! Alors les projets autour de ce qu’on pourrait décrire comme étant un certificat d’authenticité numérique pullulent, en musique et en art en général, jusqu’à ce que des grandes marques investissent dans le domaine, comme le roi du streaming Spotify par exemple. Cette nouvelle manne financière est aussi un bon moyen pour un musicien et compositeur d’entretenir une relation étroite avec son public et donc de faire sa promotion musicale.
Alors les NFT ne sont-ils qu’une technologie à oublier aussi vite qu’elle est apparue dans l’industrie du disque ? Certains éléments laissent à penser que oui, d’autres non, faisons le point sur la situation.
Qu’est-ce qu’un NFT ?
C’est une question qui a été posée à maintes reprises depuis environ un an, à laquelle vous avez peut-être déjà la réponse tant le sujet a été discuté, mais pour que les choses soient claires, voici ce qu’on a compris du sujet : un document numérique peut-être dupliqué, un simple clique droit – enregistrer, le permet. Comme c’est la rareté d’un objet qui fait sa valeur, il est difficile d’en donner une à quelque chose de reproductible.
Le NFT vient résoudre le problème. C’est un certificat d’authenticité, infalsifiable, non-reproductible. Comment ça marche ? Le NFT qui est indexé à la blockchain. Encore une notion pas simple à expliquer mais dont on entend souvent parler. Retenez que la blockchain est une technologie qui permet d’authentifier des données, comme une crypto-monnaie ou un NFT. Quand un fichier est adossé à une blockchain il est infalsifiable, là est la différence avec un fichier numérique classique. C’est pour ça que le fichier peut obtenir une valeur.
Les NFT sont très populaires dans le marché de l’art graphique. Beaucoup d’artistes sont révélés grâce à ce nouveau moyen de distribuer son art, comme Fewocious par exemple. Dans la musique, on a pu voir quelques initiatives prendre forme comme celle de Jacques qui a vendu son titre “Vous” seconde par seconde, à son public. Koba LaD qui propose du contenu exclusif aux détenteurs de ses NFT, ainsi qu’Agoria, un des pontes français de la musique électronique.
NFT et musique, un soufflé qui retombe ?
Ces dernières semaines, le marché des NFTs s’est effondré. Entre février et mars 2022, les transactions sont passées de 3,9 milliards à 964 millions de dollars. Il y a plusieurs explications notamment la très forte fluctuation de la cryptomonnaie Bitcoin. Mais beaucoup de gens ont perdu beaucoup d’argent et même si on peut imaginer que le marché se redressera, pour le moment, les NFT font douter quant à leur impact durable sur les ventes de musique.
Un exemple marquant, le tout premier tweet, lancé par le fondateur de la plateforme Jack Dorsey, s’était vendu pour la somme de 2,9 millions de dollars. Sûr de son investissement, l’entrepreneur Sina Estavi a essayé de revendre son bien un an plus tard pour la somme de 48 millions de dollars. Manque de bol, la meilleure offre qui lui est actuellement proposée n’est que de 1 213, 62 dollars. C’était une des histoires qui avaient mis un coup de projecteur sur les NFT, elle est visiblement symptomatique du phénomène.
Côté musique, les artistes semblent avoir été un peu plus frileux sur le sujet, on n’a pas investi en masse le concept. Mais il existe quand-même des initiatives qui se sont mises en place rapidement, avec pour but d’exploiter ce nouveau mode de revenu. À condition de bien promouvoir vos chansons et albums, faire écouter votre musique n’est plus aussi dur qu’avant. Mais qu’en est-il d’acheter de la musique ? Malgré parfois un nombre d’écoutes et nombre d’abonnés conséquents sur les plateformes de streaming, les royalties reversées aux artistes restent très faibles. Alors pour les artistes et leur musique, les NFT sont du pain béni, mais encore faut-il réussir à en vendre. Il ne suffit pas d’avoir un peu de notoriété pour y arriver, car le streaming musical rassemble des millions d’utilisateurs mais également des millions de titres. Il faut monter un projet solide et seulement dans ce cas-là, les musiciens vont gagner en visibilité.
Beaucoup de grandes marques se jettent très vite sur le concept, de peur d’être en retard. Nike par exemple a racheté l’entreprise spécialisée dans les NFT de sneakers RTFKT. Une course effrénée à celui qui sera le plus avancé dans le domaine semble s’être lancée, comme avec Universal par exemple. La major s’est lancée dans le Web3 (nouvelle itération du web, décentralisée), en créant un groupe nommé Kingship composé de Mutant Ape ou Bored Ape, des avatars numériques extrêmement coûteux. Snoop Dogg, qui vient de racheter Death Row, voudrait en faire un label NFT, lui qui est un collectionneur très assidu.
Mais un exemple retient notre attention, c’est celui de Spotify. Sachez qu’aujourd’hui pour afficher sa collection de NFT, il n’existe pas de possibilités en dehors des plateformes d’achat et de reventes, ou des espaces virtuels accessibles que lorsqu’on est initiés. Alors Twitter par exemple travaille sur la possibilité de mettre son NFT en profil pic, mais une autre firme a montré son intérêt : Spotify.
Pendant quelques semaines, il était possible de voir les NFT de Steve Aoki et The Wombats, sur leurs profils artistes Spotify. Un moyen idéal pour étendre leur cible à des non-initiés du milieu. Seulement la feature n’est plus disponible. Soit la société a pris peur suite à la très forte chute du marché, soit elle continue simplement de développer son idée en coulisses. Quoi qu’il arrive le timing est assez surprenant pour le secteur de la musique.
—
Vous souhaitez faire la promotion de votre musique ?
Groover vous permet de contacter les meilleurs médias et pros de l’industrie de la musique, avec une garantie de réponse en moins de 7 jours.
Les NFT, un avenir pas si sombre pour le monde de la musique
Actuellement, le NFT n’a pas la cote. Il inquiète les investisseurs qui voient quelque chose de trop instable et fait sourire ses détracteurs. Seulement, la technologie sur laquelle il repose est très intéressante, et le concept même de NFT n’est pas à jeter bien au contraire. Gagner de l’argent quand on est artiste émergent grâce à ses musiques, ce n’est vraiment pas simple. Un stream ne rapporte presque rien, le merch et les concerts ne sont que rarement suffisant quand on démarre. Alors pourquoi pas un NFT ?
Rappelez-vous la bulle internet. Au tout début, les investisseurs se sont rués sur le sujet, investissant des sommes folles dans le domaine, jusqu’à ce que la bulle explose. Beaucoup ont perdu des grosses sommes d’argent. Le marché des NFT fait penser à cet épisode, et regardez : internet est toujours présent dans nos vies et bien plus encore. Les NFT sont des technologies qui vont permettre beaucoup de choses aux musiciens mais qui, pour le moment, ne sont pas bien utilisés.
Il existe diverses initiatives qui font certes moins de bruits que les Bored Apes et autres projets NFT stars, mais qui méritent toute l’attention des artistes en développement. Pianity par exemple, une agence française de mise en relation entre un artiste et son public, avec laquelle Groover s’est récemment associé. Bolero Music, est une marketplace similaire qui vient aider à entretenir un lien entre artistes et fanbase, grâce aux NFT. L’agence Renaissance NFT aussi, qui est derrière les projets de Jacques et Agoria, accompagne les artistes dans cette voie, leur permettant par la même occasion de faire connaître leur musique.
Nous sommes au balbutiement des NFT dans le secteur musical et l’avenir nous dira peut-être qu’un artiste émergent ne pourra plus passer outre pour sortir ses singles et divers projets musicaux. Après tout, c’est un moyen très direct de tisser un lien avec son public quand il est utilisé à bon escient. C’est aussi une nouvelle source de revenus, qui pourra nourrir les créations musicales des artistes et encourager l’émergence de nouveaux artistes. Les NFT pourraient bien bouleverser l’avenir de la musique.
—