Quand on pense à Björk, en dehors de sa musique expérimentale, entre électro, soul et pop, qui défit toutes les catégorisations et tous les genres, on pense avant tout à son identité visuelle, inspirée des éléments naturels, en particulier des plantes et du monde aquatique.

Elle a ainsi développé tout un imaginaire visuel autour de sa musique qui déstabilise, questionne et marque l’auditeur. Pour autant, le paradoxe de son identité visuelle est que, bien qu’elle soit parfois méconnaissable car entièrement recouverte par ses costumes, jusqu’à ce que l’on ne puisse même plus apercevoir son visage, sa DA et son style sont tellement uniques et identifiables, qu’il est impossible de ne pas reconnaitre sa patte.

1. L’identité visuelle comme élément constitutif de l’artiste 

Björk revendique le lien entre ses visuels et sa musique. Loin d’être des illustrations, ce sont de véritables traductions. Ainsi, elle développe ce concept dans son podcast « Sonic Symbolism » (« Symbolisme Acoustique ») où elle détaille les influences de ses différents albums.

 « Quand on m’interroge sur les différences entre les musiques de mes albums, je trouve ça plus simple d’utiliser des raccourcis visuels. C’est en quelque sorte pour ça que mes pochettes d’album sont comme des cartes de tarot faites maison. L’image sur le devant peut sembler être un simple moment visuel mais, pour moi, elle décrit le son de l’album. J’essaye d’exprimer ça avec ma palette de couleur, les textures des textiles, avec ce que je tiens, et l’angle de la posture dans laquelle je suis traduit une relation au monde. Aussi, l’émotion de la bouche essaye de partager l’ambiance générale de l’album. Peut-être qu’on peut appeler ça une espèce de Symbolisme Acoustique. » – Björk dans le premier épisode de son Podcast “Sonic Symbolism”.

Il est intéressant de voir dans son témoignage comment l’artiste conceptualise ses pochettes d’album, à quel niveau de précision elle est pour faire passer le « mood », la « vibe » de sa musique, jusqu’aux textures du tissu et à la posture corporelle.

A l’époque où Björk a percé, les réseaux sociaux n’étaient pas encore aussi développés qu’aujourd’hui, c’était l’époque de MTV.  Cependant, on peut être à peu près sûr qu’aujourd’hui elle aurait buzzé, avec son identité qui parle aux préoccupations de l’époque, proche de la nature, qui questionne les limites entre humain, animalité, minéraux. 

Aujourd’hui, Björk n’est pas sur TikTok, elle n’a qu’Instagram qu’elle alimente, majoritairement, avec les photos de ses incroyables tenues, des vidéos de concert et des annonces de ses projets musicaux. Cependant, si c’était à refaire, quel champ de possibilités auraient offerts les réseaux sociaux à Björk pour exprimer toute sa créativité et son identité ! 

En effet, même si trouver son identité visuelle est un challenge qui peut être perçu comme stressant pour les musiciens, c’est également l’opportunité d’enrichir le message de leur musique, lui donner une nouvelle dimension, créer un monde à part entière.

Parfois, cela nécessite ainsi un peu d’accompagnement pour que le potentiel soit pleinement exploité. Pour cela, pouvoir avoir recours à l’avis de professionnels peut être très précieux, que ce soit pour l’aspect vraiment artistique ou bien le côté marketing. C’est dans cette perspective que Groover s’est donné pour mission de démocratiser l’accès à des conseils professionnels pour les artistes en cours de développement, quel que soit leur budget. Les artistes sont ainsi en pleine mesure de pouvoir enrichir leur univers musical d’un univers visuel riche et percutant pour leurs auditeurs, favorisant ainsi le développement d’une fan base solide qui s’identifie à l’artiste et à son monde artistique.

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2. Une artiste qui s’est fait connaître grâce à un clip

Dans cette perspective, il est intéressant de souligner que le premier succès de Björk n’a pas tellement été sa musique en elle-même que tout l’univers qui l’entourait. En effet, Human Behaviour a été assez peu diffusé en radio. Le clip vidéo, par contre, est passé sur MTV, en 1993, et c’est ce qui a fait exploser la chanteuse. La vidéo, réalisée par Michel Gondry, mélange les références et les styles, ce qui renforce son côté déstabilisant, marque de fabrique de Björk. L’esthétique de la vidéo est celle des séries TV pour enfants des années 60-70, où les personnages étaient des marionnettes. Cet univers est ici détourné, l’habituel ours en peluche est transformé en monstre, dans un conte qui mélange des références à Boucle d’Or et au Chaperon Rouge. Les plans sont incisifs, rapides, faits pour choquer, dès le début du clip la prise de vue est à hauteur d’une autoroute où l’on voit un hérisson traverser alors qu’une voiture passe à vive allure au-dessus de la caméra. La scène a lieu de nuit, Björk innove et crée le bizarre, l’un des plans suivants est un close up sur des espèces de larves qui se trémoussent où la tête de Björk est photoshoppée.

Dans cette vidéo, Björk pose les bases de son image : jouer sur le bizarre et déstabiliser son audience, exploiter un environnement très végétal, interroger les frontières poreuses entre monde animal, végétal et humain, questionner le rapport à la réalité en miroir avec les potentiels de l’imagination.

3. Déstabiliser son auditoire

Björk aime déstabiliser, jouer sur notre rapport au réel. Ses clips sont très édifiants et forcent son public à se questionner. Elle aime effacer les limites et les cloisonnements qui pourraient exister, que ce soit entre les éléments naturels, ou entre rêve et réalité.
Ainsi, dans son clip Triumph of a heart, elle est mariée à un chat qui se comporte comme un être humain. La limite entre animal et humain est effacée. De la même manière dans Bachelorette, les spectateurs de son histoire se transforment un à un en arbustes.

Ses clips sont plus que de simples illustrations de ses musiques ou des outils marketing pour faire connaître son univers. Ce sont, parfois, de véritables courts-métrages, où le spectateur est pris dans la narration visuelle portée par la musique. Bachelorette en est l’exemple parfait. Le clip raconte comment Björk a trouvé un livre qui s’est écrit tout seul, puis son succès et sa déchéance en tant qu’autrice de ce livre. Elle met sa propre narration en abîme, commençant par raconter une première fois l’histoire de ce livre, puis la « répète », cette fois-ci lors d’une sorte de conférence. Les paroles de la musique, elles, n’ont rien à voir avec ce qui est décrit mais la musicalité, l’intensité des sonorités électroniques et des cordes, le piano, la rythmique marquée, complètent le récit visuel et l’enrichissent d’une intensité et d’une émotion puissante. Il est impossible de rester de marbre face à un tel clip !

4. Végétaux, insectes et nature au rendez-vous

On retrouve aujourd’hui Björk au climax de sa recherche stylistique. Ses costumes sont tellement travaillés que, parfois, on ne la reconnait même plus. Elle joue avec les masques, les vêtements, les volumes, les couleurs. 

Son monde est celui du végétal, de la faune et la flore. Elle arrive à recréer l’imagerie des organismes aquatiques et végétaux, jouant avec des formes qui rappellent les plumes, les tentacules de certains poissons, des couleurs qui sont celles de méduses, des formes d’algues. 

Elle aime associer des couleurs que l’on ne mettrait pas intuitivement ensemble, par exemple le violet avec le vert, le jaune et le bleu marine ou bien le rouge corail et le bleu. Cela permet de créer un univers unique qui rappelle la diversité visuelle que l’on peut retrouver dans la nature, que ce soit dans la jungle, avec les perroquets ou les plantes exotiques, ou sur des animaux aquatiques. 

Sur ses pochettes d’album, on voit des créatures, elles semblent parfois humaines, mais on ne peut en être certain, parfois elles sont volontairement autres. Elles ont bien un corps mais semblent venir d’un autre monde. De la même manière, on dirait des images digitales mais on ne peut en être sûr à 100%. Björk exploite différents mediums pour créer un monde artistique qui lui ressemble.

Conclusion

Pour conclure, Björk est une artiste au langage artistique à la fois musical et visuel, qui a su construire un univers à part entière. Sa musique, qui défie les classifications, s’ancre et s’enrichit dans cette DA qui questionne et déstabilise. Björk est ainsi une grande musicienne et plasticienne qui a su se faire reconnaître comme telle.

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