thaïs fait partie de ces artistes qui parviennent à suspendre le temps. A travers sa musique planante et pétillante, en quelques secondes elle vous fait tout arrêter pour n’écouter plus qu’elle. Elle veille avec attention à garder la part d’intime et de douceur propre à son projet et n’hésite pas à s’entourer lorsqu’elle rencontre les bonnes personnes. C’est le cas avec Mélanie Roman, sa manageuse depuis plusieurs mois, rencontrée grâce à Groover. Nous avons eu l’immense plaisir de les interviewer toutes les deux !
Groover est une plateforme qui offre des opportunités importantes pour les artistes en développement
– Mélanie –
Pouvez-vous présenter vos projets respectifs rapidement, Mélanie et ton projet musical thaïs ?
thaïs : J’ai commencé mon projet en 2017 en sortant mon premier EP (Sixtine) autoproduit et indépendant. L’année suivante, j’ai sorti mon deuxième EP (Anitya) et c’est quelques mois plus tard que j’ai rencontré Hugo Loïs avec qui je développe et j’enregistre aux studios Troublemakers mon projet “Paradis Artificiels” qui sortira au printemps prochain. C’est un album qui parle d’une rupture amoureuse, de ses hauts et ses bas, les questionnements qui viennent alors qu’on se sent seul, mais aussi d’un certain espoir. On pourrait décrire mon style comme étant de la pop planante et pétillante.
Mélanie : De mon côté, je me suis un peu éloignée de la musique électronique (milieu dans lequel je me suis développée depuis 2014 et que j’aime toujours autant), pour travailler avec des artistes d’autres genres qui m’ont toujours intéressée, en musiques actuelles. Je suis donc devenue manageuse de trois artistes : thaïs – Pop (Montréal), Two Faces – Electro Rock/Triphop (Lyon), Bonbon – Electro Pop (Paris).
thaïs, comment est né ton projet ? Comment t’es-tu retrouvée à composer tes propres morceaux ?
J’ai commencé par apprendre la guitare classique pendant plusieurs années, mais au fil du temps j’ai compris que j’étais davantage intéressée par la composition que par l’interprétation des oeuvres des autres. C’est vers la fin de mes études classiques que j’ai commencé à me détacher de tout ça pour faire mon propre chemin et exprimer mon ressenti sur le monde qui m’entoure.

thaïs
Mélanie, tu es co-fondatrice d’un collectif nommé 8day, peux-tu nous en dire un peu plus ?
8day est un collectif de musique électronique basé à Montréal et qui a été monté avec mes associés Van Did, Rafa Pineda et Chino, artistes et producteurs mexicains, en 2015. Ce projet est né d’une envie de collaborer avec d’autres artistes et de promouvoir la musique que nous aimons (Techno/Minimal/Melodic/House). Nous avons accueilli des artistes internationaux comme Stephan Bodzin, ANNA, Christian Löffler, devant un public euphorique et passionné ; puis collaboré avec de nombreux artistes locaux et d’autres acteurs de la scène montréalaise comme Piknic Électronik, la SAT et d’autres collectifs.
Aujourd’hui, 8day a une chaîne dédiée à la diffusion et découverte de nouveaux morceaux, 2 labels (8day et Grrreat Recordings), un groupe d’artistes résidents que nous soutenons, et une communauté grandissante toujours avide de découvrir plus de musique.
Ça ressemble à quoi une journée de manageuse ?
Ça commence tôt et ça finit tard. Surtout si tu travailles avec des artistes sur différents fuseaux horaires. Tu parles avec tes artistes et les partenaires du projet, tu veilles sur ce qui se passe dans le milieu, tu organises la stratégie. Tu envoies beaucoup de mails et des appels, tu négocies et tu fais tout ce que tu peux pour débloquer des opportunités. Parfois tu reçois une bonne nouvelle (Groover veut une entrevue! 😉 ) et parfois (souvent) tu règles des problèmes. Tu apprends constamment, et tu sors de ta zone de confort. Parfois tu fais des erreurs et parfois tu as bien fait d’écouter ton intuition! Tu accompagnes tes artistes, tu les écoutes et les soutiens. Tu vas voir des concerts, des vitrines et tu fais des rencontres professionnelles. Tu crées des ponts pour continuer l’aventure et en même temps tu es gardienne des troupes. À la fin de la journée, le tout aura valu la peine si tu travailles avec des artistes qui t’inspirent autant par leur musique que par leurs qualités humaines.
➜ Tu peux contacter Mélanie Roman directement sur Groover ici !
Et une journée d’artiste, thaïs ?
Je dirais qu’une journée typique dans ma peau d’artiste, c’est tout d’abord de communiquer avec les gens avec qui je travaille tous les jours, donc ma manageuse, mon éditeur ainsi que mes musiciens pour pouvoir toujours être au courant de chaque décision qui se prend et avoir un regard avisé sur celles-ci.
Aussi, en tant qu’artiste, je trouve indispensable d’écouter les nouveautés musicales qui sortent, tout comme les projets solo de mes musiciens, donc je prends toujours le temps de regarder le travail des autres.
Autrement, quand je suis seule, je compose chez moi et je crée mes maquettes pour ensuite les présenter à Hugo pour finalement les retravailler en studio. Je dirais que lorsque que je suis dans une période de création, mon temps est partagé entre chez moi et le studio, ce qui me permet de toujours garder cette part d’intime et de douceur dans mes chansons.
Mélanie, qu’est-ce qui t’as plu dans le titre Lou de thaïs quand tu l’as découvert sur Groover ?
C’est le genre de morceau qui m’a fait tout arrêter pour l’écouter attentivement dès les premières secondes. La voix de thaïs est envoûtante et l’instrumentale m’a transporté. Gros coup de coeur. J’ai dû l’écouter une bonne vingtaine de fois et il me fait toujours autant d’effet.
Et votre rencontre ensuite, ça a donné quoi ?
Mélanie : Hugo Loïs, éditeur et co-réalisateur du projet, à qui nous devons notre rencontre puisque c’est lui qui m’a envoyé le morceau via Groover, nous a donné RDV au studio de Troublemakers pour me faire écouter l’album. Ils m’ont tous les deux parlé de leur travail ensemble, je leur ai fait des retours, on a appris à se connaître un peu, on a parlé du projet et de nos parcours. Le courant est bien passé tous les trois, marquant le début d’une belle collaboration. Le show de lancement du premier single était prévu 3 semaines plus tard. Tout est allé très vite depuis la première rencontre, et nous sommes très heureux que thaïs se soit présentée au Phoque Off à Québec dans le showcase de Groover, puis participe aux Francouvertes de Montréal 2020 en mars.
Quels sont vos projets pour l’année à venir ?
Pour l’instant, la sortie du deuxième single La nuit te ressemble (disponible ici) le 28 février et l’album Paradis Artificiels. thaïs participe aux Francouvertes à Montréal le 23 mars, puis en mai au Festival Santa Teresa à Sainte-Thérèse, suivi par son spectacle de lancement de l’album à Montréal. Nous présentons le spectacle dans plusieurs villes au Québec au printemps (Québec, Saint-Jérôme). Nous aurons d’autres dates à annoncer dans les prochaines semaines… Et qui sait ? Peut-être on ira vous retrouver bientôt en France ?
Comment qualifieriez-vous la scène québécoise indépendante aujourd’hui ? Y-a-t-il une forte concurrence ? Est-il simple de sortir de la masse ? Par quel(s) moyen(s) ?
C’est une scène vivante, qui valorise les artistes de la relève, non seulement dans la métropole montréalaise mais aussi dans d’autres villes au Québec. Les programmateurs/trices des festivals, concours et vitrines sont toujours intéressés à écouter les nouveaux projets locaux, et le public est aussi curieux de découvrir les artistes qui se présentent. Nous croyons plus à des collaborations intéressantes entre artistes qu’à une concurrence. On voit cette tendance aussi sur les scènes. Quand à sortir de la masse : une bonne production, un projet franc et assumé, une performance live qui nous transporte dans un univers unique.
Quels seraient vos conseils aux jeunes artistes en développement ?
thaïs : En tant que jeune artiste en développement, je dirais qu’il est plus qu’important de persévérer peu importe les tempêtes qui accompagnent la vie d’artiste parfois instable. Aussi, je crois que c’est crucial de toujours rester ouvert à collaborer avec d’autres personnes et d’autres artistes tout en essayant le plus possible de bien choisir les gens qui t’entourent. Finalement, je pense sincèrement qu’il ne faut jamais se sentir limité et oser.
Mélanie : Structurer leur projet, bien le définir et savoir ce qu’ils veulent accomplir. Être persistants et résiliants, bien s’entourer et faire confiance à leur intuition. Le développement de carrière d’artiste c’est un travail d’équipe, il faut être curieux sur comment fonctionne le milieu pour défendre son projet et choisir les bonnes personnes qui vont le représenter. Avec thaïs et Hugo, nous avons trouvé une bonne dynamique d’équipe qui nous permet d’être complémentaires et de nous développer ensemble.
Et enfin, que pensez-vous de Groover ?
thaïs : Je trouve que c’est un excellent moyen de faire connaître son nom et sa musique aux différents acteurs importants dans l’industrie musicale tout en ayant la chance de recevoir des critiques de la part de professionnels. Dans mon cas, j’ai aussi eu l’occasion de rencontrer des gens qui sont devenus très importants pour moi, comme Mélanie.
Mélanie : Groover est une plateforme qui offre des opportunités importantes pour les artistes en développement. Elle facilite le contact avec les professionnels qui peut être difficile autrement. Comme mentor, j’ai découvert beaucoup de projets qui étaient intéressants, et je suis vraiment heureuse d’y avoir été au bon moment pour rencontrer thaïs.
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