Issu d’un univers volontairement surréaliste et troublant, Usken est un duo singulier à l’atmosphère trip-hop qui ne vous laisse pas indifférent. Grâce à Groover, le groupe a pu obtenir de réels retours pertinents sur sa musique, qui les a aussi amené à rencontrer des partenaires décisifs dans le développement de leur projet musical — dont le label Archi Records. Nous avons eu le plaisir d’interviewer Yann, guitariste, qui nous a fait part de son expérience en tant qu’artiste indépendant.
J’ai utilisé Groover très tôt dans le processus de gestation pour avoir des retours sur notre travail. Partager notre travail avec des pros ou des amateurs éclairés m’a fait comprendre que notre musique ne serait jamais assez pro si on continuait à travailler seuls.
Qu’est-ce qui vous a amené à produire vos propres chansons ?
En fait, je joue ma propre musique depuis mes 17 ans (sourire). Depuis les groupes de lycée jusqu’à Usken ! J’ai commencé la guitare pour écrire mes propres chansons. Faire des reprises n’a jamais été mon truc. J’en suis même incapable. Par contre, dès que j’entends une chanson qui me plait, j’essaie de comprendre pourquoi elle me plait. Mélodie, rythme, harmonie ? Qu’est-ce qui m’attire ? Une fois que j’ai compris le truc j’essaie de me l’approprier. Ca débouche parfois sur une chanson.
Pouvez-vous me parler de votre projet musical ?
Avant Usken, Isabelle et moi avons joué dans un groupe de Pop Garage pendant presque 15 ans. On était cinq, Isabelle assurait la deuxième voix, moi la guitare. Lorsque le groupe à splitté nous avions envie de créer un projet fondamentalement différent. Travailler en duo nous donnait l’impression que tout serait plus simple. En tout cas plus simple que dans un groupe. Et ce n’est pas faux : dans un duo il ne peut pas y avoir de compromis.
Alors bien évidement, il a fallu apprendre à utiliser les machines, les samples et tout un tas de trucs qu’on ne maitrisait pas. Mais bizarrement, on avait une idée assez précise de la musique qu’on souhaitait faire. Le problème c’était qu’on ne savait pas comment la faire ! Notre truc était d’écrire des chansons qui mélangeraient des sonorités 60s et électro. On n’avait pas du tout réalisé que cette recette était proche de celle de Portishead dont je ne connaissais que le tube Glory Box. Mais, la comparaison avec Portishead revenait sans cesse quand on nous parlait d’Usken alors je me suis intéressé à ce groupe. Hum … je trouve notre musique assez différente et peut-être un peu moins désespérée, non !?!
Intriguant ce nom de scène : Usken, ça vient d’où ?
Usken est une petite île au large de Stavanger en Norvège. C’est un endroit assez sauvage : pas de route, pas de commerce. Tout juste l’électricité et l’eau courante. Mon oncle y avait une maison, j’y ai passé plusieurs étés lorsque j’étais gamin. C’est un endroit important pour moi, le dernier lien avec mes racines norvégiennes. J’ai fait découvrir cet endroit à Isabelle en 2016 et elle a adoré. Nos amis norvégiens passent leur temps à boire et à chanter : ils ont une chanson pour la pêche au crabe, une chanson pour le café, une chanson pour les fraises … une chanson pour chaque moment de la journée, en fait. Après deux semaines sur l’île à chanter avec les norvégiens, le choix d’Usken comme nom pour notre duo nous semblait évident.
Votre premier album vient tout juste de sortir, comment avez-vous préparé cette étape déterminante ? Quels ont été les points clés ?
La gestation de l’album a été beaucoup plus longue que prévue. En fait, les idées et les chansons sont arrivées assez rapidement mais la finalisation a été très longue. J’ai utilisé Groover très tôt dans le processus de gestation pour avoir des retours sur notre travail. Quand on a la tête dans le guidon … on n’a, par définition, aucun recul. Partager notre travail avec des pros ou des amateurs éclairés m’a fait comprendre que notre musique ne serait jamais assez pro si on continuait à travailler seuls. Concrètement, nos mixs manquaient vraiment de profondeur et de cohérence. Un ami m’a recommandé de travailler avec François Michaud du Wild Horse Studio à Besançon et je dois avouer qu’il a fait un travail remarquable. Bien plus qu’un simple mixage, on peut dire qu’il a produit l’album.
Vous faites partie de nos plus fervents utilisateurs depuis maintenant 1 an, ça fait plaisir 🙂 On a cru comprendre que vous avez trouvé votre label sur la plateforme, comment la rencontre s’est faite ?
Lorsqu’on a commencé à avoir des retours positifs sur notre musique via Groover j’ai commencé à envoyer des titres à des labels – toujours en utilisant la plate-forme. Anthony d’Archi Records a tout de suite aimé les titres que je lui ai envoyés. C’est un petit label mais ils sont super motivés. Pour moi un bon label c’est comme un bon resto : il ne faut pas que la carte soit trop longue sinon c’est mal fait ! D’autres labels étaient intéressés mais je les sentais moins motivés et, surtout, moins réactifs car sans doute déjà débordés par les artistes qu’ils avaient à gérer. Hasard des rencontres numériques, Archi Records, comme le Wild Horse Studio, sont à Besançon … Et magie d’un monde connecté : on ne s’est jamais rencontré physiquement !
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Pouvez-vous nous raconter plus en détail votre expérience Groover, ce que cela vous a apporté ? Et nous donner quelques exemples d’opportunités que vous avez obtenues grâce à Groover ?
Au-delà du label, Groover nous a permis de préparer la sortie de notre album. Concrètement j’ai coché les noms des blogeurs, journalistes et médias qui avaient aimé notre musique lors du processus de gestation. Là, on démarre la promo de l’album et je sais déjà qui contacter.
Et puis, certains « influenceurs » Groover avaient diffusé un de nos singles, ça a un peu boosté les lectures sur SoundCloud et Spotify. Ce qui est toujours cool !
Quels sont vos projets pour l’année à venir ?
On aimerait monter une tournée. Oh rien de fou, hein ! Une dizaine de dates un peu partout en France. Ou pourquoi pas en Belgique ou en Allemagne où notre musique semble y trouver un meilleur écho. Avec mon groupe précédent, c’était assez simple, on tournait sans trop de problème : en deux jours on bookait une dizaine de dates. Là, c’est plus compliqué : d’une part parce que le réseau que j’avais créé précédemment est trop rock pour Usken et, d’autre part, parce qu’Usken est plus difficile à mettre dans des cases. Et quoiqu’on en dise, les gens aiment mettre la musique dans des cases. Mais il parait qu’on fait du trip-hop indé … il doit y avoir une case pour ça ! Il y a quelques tourneurs sur Groover. J’en ai contacté trois ou quatre, pour le moment ça n’a rien donné. Peut-être que les retombées de l’album nous aideront. Là, c’est trop tôt pour le dire.
Quels seraient vos conseils pour les jeunes artistes en développement ?
Il y a quelques années, j’étais venu voir des potes jouer dans une petite salle à Marseille. Un jeune groupe est venu me voir pour me demander : « Comment vous avez fait pour réussir ?». Je n’ai pas su répondre parce que j’étais sur le cul : je n’avais pas l’impression d’avoir réussi quoique ce soit. En fait, il y avait un buzz autour de nous parce qu’on avait assuré la première partie de quelques gros groupes anglais à Marseille. Pourquoi ? Parce que le programmateur de la salle aimait notre musique ! Et comment il connaissait notre groupe ? Parce que des jeunes bloggeurs avaient aimé notre musique et lui avaient parlé de nous ! Ça parait simple, hein ?
Aujourd’hui, je répondrais à ce jeune groupe : « cherchez des gens qui aiment votre musique ». Ça parait un peu con, mais quand on est dans une démarche artistique, on met son âme et ses tripes sur la table. Les retours négatifs sont souvent difficiles à digérer et on a parfois du mal à passer à autre chose. Alors, bien sûr, il faut écouter les critiques constructives, mais il faut également savoir défendre sa démarche artistique et s’y tenir.
Si la démarche artistique n’est pas comprise il est possible qu’elle soit mal exprimée. Là, dans notre cas, les retours de Groover nous ont vraiment aidés. Mais il arrive que les gens soient complètement hermétiques à une esthétique musicale, dans ce cas il faut savoir passer. Leurs conseils « avisés » seront forcément complètement à côté de la plaque. Pour ce projet, pour les mêmes titres, certains retours ont été dithyrambiques quand d’autres frôlaient l’insulte ou que d’autres nous expliquaient comment écrire une bonne chanson !
Donc, ma réponse courte à ces jeunes artistes en développement ? Faites votre réseau, ça part de là !!!
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